Bonjour à toutes et tous !!
Aujourd’hui pour Les Chroniques; Monsieur N vous emmènent dans le Portugal des Années 70 pour vous parler de La Fleur Au Fusil; spectacle écrit et interprété par Lionel Cécilio, dans une mise en scène signée Jean-Philippe Daguerre.

L’Histoire : Un petit-fils (Lionel Cecilio) découvre en allant faire une visite à sa grand-mère que celle-ci a connu de très près la révolution qui eut lieu au Portugal en 1974; révolution pacifique pour faire tomber la dictature de Salazar, au pouvoir dans le pays depuis 1933. À travers le récit de sa grand-mère; il va découvrir le combat de militants pour retrouver la paix et la liberté, pour certains au prix de leur vie. Avec toute sa mémoire; cette grand-mère, prénommée Céleste, va transmettre à son petit-fils toute l’histoire d’un pays se « battant » avec pour seuls armes la musique et la paix pour se révolter; révolution qui restera gravée sous le nom de Révolution des Œillets…
L’Avis de Monsieur N :
Il est des spectacles qui vous saisissent dès les premières secondes et ne vous lâchent plus avant le dernier souffle. La Fleur Au Fusil fait partie de ceux-là. Seul en scène, Lionel Cecilio déploie un texte qu’il a lui-même écrit, un texte incandescent, charnel, vibrant, qui semble jaillir directement de son ventre pour venir frapper celui du spectateur. Il est de ces comédien qui donne beaucoup sur scène; il joue à 200 %, dans une intensité qui ne faiblit jamais, habitant chaque phrase, chaque silence, chaque secousse de son récit. L’émotion qu’il transmet est totale et ininterrompue, une vague qui submerge et bouleverse.
Sa puissance théâtrale est stupéfiante. Lionel Cecilio ne se contente pas d’interpréter : il incarne, tour à tour, une galerie entière de personnages. Certains sont drôles, presque désarmants ; d’autres profondément émouvants ; d’autres encore monstrueux, terrifiants, surgissant des ombres d’une histoire secouée par La Révolution des Œillets. Il passe de l’un à l’autre avec une virtuosité rare, sculptant son texte comme un artisan du verbe et modelant chaque figure avec une précision chirurgicale. Son corps, sa voix, son souffle se transforment sans cesse, comme si plusieurs vies coexistaient en lui sur scène.
Et au cœur de ce flot d’émotions, de tristesse et de gravité, Lionel Cecilio sait offrir, avec une intelligence rare, quelques respirations. De petits instants d’humour, notamment lors de l’évocation savoureuse du déplacement à Paris du frère de Céleste et des la visite au studio d’enregistrement, viennent alléger la tension, permettent au public de reprendre son souffle avant de replonger dans ce combat historique qui les tient en haleine du début à la fin. Ces parenthèses humoristiques ne brisent jamais l’intensité; au contraire elles la renforcent, en révélant encore davantage l’humanité multiforme de ses personnages.
Face à cette déflagration d’énergie, Jean-Philippe Daguerre fait le choix de la pudeur et de la justesse. Sa mise en scène, simple et épurée, ne cherche jamais à en rajouter. Au contraire : elle s’efface volontairement, laissant au texte la place qu’il mérite, laissant à l’acteur l’espace pour déployer cette galerie vivante. Quelques éléments suffisent : des lumières précises, quelques gestes, un rythme finement pensé. Jean-Philippe Daguerre accompagne, guide, souligne – sans jamais entraver. Grâce à cette sobriété parfaitement maîtrisée, chaque émotion surgit avec d’autant plus de force, comme si rien ne venait perturber la connexion directe entre le comédien et les spectateurs.

La Fleur au Fusil est un moment rare de théâtre, de ceux où l’on sent battre le cœur d’un artiste, où l’on sort bouleversé, traversé, un peu différent. Un spectacle qui rappelle que le théâtre, quand il est porté avec une telle générosité, peut tout : émouvoir, réveiller, secouer, rassembler. Une expérience profondément humaine, portée par un comédien incandescent et une mise en scène qui sait s’effacer pour mieux révéler l’essentiel.
« La Fleur Au Fusil » de Lionel Cecilio, mise en scène de Jean-Philippe Daguerre; interprété par Lionel Cecilio. À La Comédie Bastille jusqu’au 31 Mars 2026; à 19h ou 21h (selon les jours).
Réservations : https://comedie-bastille-billetterie.tickandlive.com/evenement/la-fleur-au-fusil


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