Bonjour cher(e)s lecteur et lectrices des Chroniques !!
Aujourd’hui nous vous emmenons du côté de la Manufacture des Abbesses pour vous faire découvrir un nouveau spectacle. Il s’agit de la pièce Le Quai de Paul Duvaux et Simon Guillemot, mise en scène de Celia Kourt et interprétée par Marie Iasci, Sara Syr, Paul Duvaux, Simon Guillemot, Arthur Toullet et Valentin Guilbot (en alternance avec Camille Helbeïe).

L’Histoire : Juillet 1962, à la fin de La Guerre D’Algerie. Plusieurs personnes se retrouvent dans une gare en France afin de pouvoir rentrer chez eux : Romain Mira (Paul Duvaux), jeune appelé militaire qui ne veut plus entendre parler de l’Algerie et voulant oublier tout ce qu’il a vécu là-bas; Rachel Duval (Marie Iasci), jeune fille née à Oran de parents juifs et étudiante en psychologie, ayant quitté l’Algérie pour la France et revenue dans son pays; et Souad Belkacem (Sara Syr), jeune femme d’origine algérienne, amie de Rachel et mariée à un membre du FLN. Toutes ces personnes attendent un train pour partir et oublier; mais le chef de gare (Camille Helbeïe ou Velentin Guilbot) n’a pas l’air compétent ou prédisposé à leur vendre leur billet de train. Sur ce quai est installé aussi Robert (Simon Guillemot), un clochard plutôt curieux et philosophe; et un cheminot (Arthur Toullet) proposant des billets de provenance douteuses aux passagers. Et si ces départs, cette attente dans cette gare, sur ce quai; ne dépendait pas seulement de l’arrivée d’un train…
Mon Avis : Peu de pièce de théâtre en France traite de la guerre d’Algerie avec autant de vérité et réalisme; et Le Quai fait partie de ces quelques unes qui nous montrent la réalité de cette époque. L’écriture de Paul Duvaux et Simon Guillemot est belle et criante de vérité car remplie d’émotion et de drame. Au delà de La Guerre D’Algerie; elle nous montre comment ces êtres d’origine, pays et idéologie différentes; se retrouvent « coincés » sur ce quai, attendant un train qui n’arrivera peut-être jamais; torturés par leurs démons intérieurs et leur passé en Algérie. À quatre mains; ils touchent avec talent le spectateur par des mots et des actes vrais; violents, durs, mais réels.
La mise en scène de Célia Kourt est simple et suffisante à l’histoire; dans un décor épuré représentant le fameux quai et de très beaux jeux de lumière; que ce soit sur le quai ou lors des flashbacks de la vie des protagonistes juste avant cette guerre. Pour ce qui est de la distribution; elle est tout aussi excellente que la pièce est sublime. Paul Duvaux incarne avec intensité et brio ce jeune français s’engageant pour rétablir « l’ordre » en Algérie; mais qui en gardera une trace indélébile dans sa mémoire. Marie Iasci est excellente dans le rôle de cette jeune étudiante en psychologie ancrée à ses racines; obligée de quitter son passé pour la France, mais prête à tout pour retrouver sa vie d’avant, et à n’importe quel prix. Sara Syr est bouleversante dans le rôle de Souad; amie de Rachel et mariée à un membre du FLN, amour qui lui fera perdre beaucoup; et pas seulement la mémoire. Simon Guillemot montre l’éventail de son talent en interprétant deux rôles diamétralement opposés; à savoir Robert, le clochard dormant, mendiant et déambulant sur ce fameux quai au milieu de toutes ces personnes à l’air perdu; ainsi que Charles, ami de Paul rêvant de partir également en Algérie avec son copain; mais déclaré atteint d’une psychose maniaco-dépressive, il doit se résigner. À moins qu’une rencontre à Paris fasse changer la donne; mais sans prendre conscience des répercussions. Camille Helbeïe est très drôle dans son personnage de chef de gare assez étrange; ayant du mal à écouter ceux qui viennent lui acheter un billet et attendant leur train. Arthur Toullet clôt cette belle distribution en interprétant plusieurs personnages interagissant avec les autres protagonistes; tel que le prêtre accompagnant Souad dans sa guérison ou bien un mystérieux cheminot proposant des offres curieuses à celles et ceux qui attendent désespérément leur train sur ce quai.

Six jeunes comédiens absolument brillants s’embarquant dans les arcanes de cette partie de l’histoire sur laquelle il y aurait tant à dire. Courrez vous aventurer sur ce Quai violent et bouleversant; vous quitterez la gare avec beaucoup de questions et d’émotions au cœur…
« Le Quai » de Paul Duvaux et Simon Guillemot, mise en scène de Célia Kourt, avec Marie Iasci, Sara Syr, Paul Duvaux, Simon Guillemot, Arthur Toullet et (en alternance) Valentin Guilbot ou Camille Helbeïe. À La Manufacture des Abbesses jusqu’au 14 Janvier; les jeudis, vendredis et samedis à 21h et les dimanches à 17h.
Réservation : https://www.manufacturedesabbesses.com/theatre-paris/le-quai/


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